Interview de Nathalie Lacôte, Collaboratrice spécialisée au ZEM CES

Interview: Marcel Santschi

Nathalie Lacôte

Nathalie Lacôte, tu soutiens les équipes d’évaluation depuis bientôt 15 ans à l’IFES IPES et maintenant au ZEM CES. Tu les accompagnes et révises leurs rapports d’évaluation. Quelles sont les conditions nécessaires pour obtenir un bon travail d’équipe?

Les aspects humains comptent autant que l’expertise professionnelle. Une communication ouverte; des relations respectueuses et un soutien mutuel; mais aussi un climat de travail agréable et productif: voilà pour moi les piliers d’un bon travail d’équipe. À cela s’ajoutent encore d’autres qualités: ouverture d’esprit, curiosité et enthousiasme. Nous faisons route ensemble vers un même objectif. Nos buts et nos missions doivent nous rassembler. Par conséquent, la cohésion et l’identification au projet favorisent clairement un bon travail d’équipe. Lorsque toutes ces conditions sont réunies, une équipe composée de personnes satisfaites et motivées pourra fournir de bonnes prestations. Nous nous engageons tous ensemble pour une cause commune.

Dans ton travail, quels sont les défis à relever? Ces sujets sont-ils affectés par notre fusion?

Les évaluations et les enquêtes standardisées sont mes deux principaux domaines d’activité. Je joue un rôle de plaque tournante. Je suis à la fois l’interlocutrice des écoles et des cantons, mais aussi des membres des équipes d’évaluation et des collaborateurs et collaboratrices internes. L’objectif est que les évaluations et les enquêtes standardisées apportent un bénéfice élevé aux écoles et aux cantons. Je soutiens de mon mieux l’ensemble du processus afin que les équipes d’évaluation puissent travailler de manière productive. J’y parviens par une bonne organisation, une réflexion commune ainsi qu’un travail précis et efficace.Pour moi, la fusion du ZEM CES et de l’IFES IPES ouvre de nombreuses possibilités de développer les produits et les processus. Deux équipes composées de personnes passionnantes, riches en savoir-faire et en expérience, ont été réunies. C’est très enrichissant. Je me réjouis de tous ces échanges et des nouveautés qui verront le jour à différents niveaux.

Les évaluations seront désormais proposées sous le nom de ZEM CES. S’agit-il d’une chance ou d’un défi?

Il s’agit de se renforcer mutuellement, d’exploiter les synergies, de partager notre savoir-faire et nos expériences. Nous élargirons nos compétences et serons plus flexibles, car davantage de personnes travailleront ensemble. C’est une grande chance. Nous pourrons valoriser et développer nos points forts. Pour autant, nous ne devrons pas fermer les yeux sur nos points faibles. Notre objectif commun sera de rester en mouvement, d’apprendre de nos erreurs et des expériences faites par les autres. Tout cela représente une grande chance, même si cela demande un certain courage. Pour réussir, nous devrons privilégier une culture saine du feedback. Au ZEM CES, nous voulons être prêts pour l’avenir. Nous avons déjà effectué le premier pas. 

Quels aspects de l’intégration de l’IFES IPES dans le ZEM CES te semblent les plus précieux?

Il est important de trouver un équilibre entre le renouvellement, le changement et la préservation. La stabilité doit être garantie, tant à l’interne qu’à l’externe. Ma priorité absolue est la suivante: que nous continuions d’être des partenaires fiables et compétents pour les personnes et les institutions avec lesquelles nous travaillons, c’est-à-dire les directions des écoles et des offices cantonaux ainsi que les évaluateurs et évaluatrices externes.Plusieurs aspects sont essentiels: prendre son temps; faire des petits pas; «s’entraîner» à l’intégration; renforcer un sentiment d’appartenance; et surtout, veiller à ce que tout le monde soit dans le même bateau. Nous allons tous apprendre jour après jour comment cette intégration peut se faire. L’important est que nous ayons un échange réel et respectueux à ce sujet.

Interview de Simone Ambord, Collaboratrice scientifique au ZEM CES

Interview: Marcel Santschi

Simone Ambord

Simone Ambord, tu travailles au ZEM CES depuis début 2021, où tu es responsable des thèmes «Évaluations en commun» et «Compensation des désavantages». Tu es spécialiste des instruments d’enquêtes quantitatives. Tu as déjà réalisé un sondage national concernant les évaluations en commun. Vas-tu effectuer l’année prochaine des évaluations d’école et des enquêtes? 

Vu mon expérience professionnelle, la probabilité est plutôt élevée que je continue à mener des enquêtes. Je trouve cela passionnant. Elles permettent d'effectuer des recherches approfondies sur un sujet précis. Les données collectées nous aident à identifier les lacunes dans les connaissances et on peut ensuite les analyser d’une manière plus poussée. Les enquêtes permettent aussi de répondre à certaines questions concrètes que les praticien‑ne‑s se posent déjà. C’est là que les synergies entre l’IFES IPES et le ZEM CES sont très précieuses. 

Qu’est-ce qui caractérise une bonne enquête?

Je formulerais la question différemment. Le terme «bonne» suggère déjà un jugement. Or, quand je conçois et réalise une enquête, ma compréhension et mon approche sont scientifiques. Je me demande donc plutôt comment réussir une enquête de qualité ou, plus exactement, ce qui caractérise une telle enquête. Pour effectuer une enquête de qualité, il est important de commencer par définir l’objectif de l’enquête (ou le mandat), ou de clarifier précisément le mandat. Si cela n’est pas clair au début de l’enquête, cela rend la suite très difficile. Pour prendre une image, cela revient à faire une course d’orientation sans carte ni boussole. On peut ensuite formuler des questions et des hypothèses. Elles peuvent découler de la pratique, mais aussi de la théorie ou des résultats de recherches antérieures. En fonction des questions et des hypothèses, on choisit alors la méthode qui permettra d’y répondre le mieux. Pour faire le bilan de l'évaluation en commun en Suisse, une approche quantitative est appropriée. Si, en revanche, l’objectif est d’analyser les processus et les dynamiques dans une école, il est plus logique d’utiliser une approche qualitative. L’étape la plus importante et la plus passionnante est la phase d’interprétation et de discussion des résultats. Dans cette étape, des approches explicatives sont définies pour les résultats. Je trouve toujours très intéressant de réfléchir aux différentes explications. En effet, il n’y a généralement pas une seule explication ni une seule approche. Dans l’idéal, on formule des implications pour la pratique. Pour moi, c’est une étape essentielle, car c’est là que l’interface avec la pratique a lieu. Les partenaires du terrain et les expert‑e‑s devraient être impliqués au plus tard dans cette étape afin de discuter des possibilités d’action. 

Concernant l'évaluation en commun et la compensation des désavantages, quels sont les défis à relever? Ces sujets sont-ils affectés par notre fusion? 

Quand j’ai commencé à travailler sur l'évaluation en commun, je me suis vite rendu compte que c’est un sujet qui demande beaucoup de tact. Il est discuté et mis en pratique à différents niveaux. Il n’en existe pas encore de définition globalement admise et valable. Cela laisse place à l’interprétation et à des flottements. L’un des défis consiste à répondre à ces incertitudes. Les résultats de l’enquête nationale sur l'évaluation en commun, que le ZEM CES réalise pour le compte de la CESFG, permettent de dresser un premier bilan. En tant que sociologue, je trouve le sujet de la compensation des désavantages passionnant. C’est une mesure qui vise à garantir l’égalité des chances entre les élèves porteurs de handicaps et les autres. Au ZEM CES, la compensation des désavantages est axée sur sa mise en œuvre dans les gymnases. Or, mon objectif est de développer ce thème à différents niveaux. D’une part, j’aimerais élargir ce sujet et l’intégrer dans le domaine de l’inclusion. D’autre part, je souhaite promouvoir la sensibilisation à ce sujet dans l'ensemble du secondaire II. À mon avis, la compensation des désavantages est affectée par la fusion de l’IFES IPES et du ZEM CES dans la mesure où les résultats agrégés provenant des évaluations d’écoles pourront enrichir ce sujet. 

Quels aspects de la fusion de l’IFES IPES et du ZEM CES te semblent les plus précieux? 

Une réorganisation ou une restructuration entraîne toujours des changements. Personnellement, j’aime les changements, car ils permettent de créer de nouvelles dynamiques. Cependant, ils nécessitent aussi une certaine ouverture de la part des personnes concernées. Je perçois cette ouverture tant à l’IFES IPES qu’ici au ZEM CES. Je me réjouis de cette collaboration et de travailler sur de nouveaux projets et idées. Toutefois, l’ouverture n’est pas seulement importante en interne, mais aussi en externe. Nos partenaires ainsi que ceux de l’IFES IPES devront également être ouverts à l’élargissement de nos tâches.

Interview d'Urs Ottiger, Collaborateur scientifique à l'IFES IPES

Interview: Marcel Santschi

Urs Ottiger

Urs Ottiger, cela fait 16 ans que tu évalues des établissements du secondaire II au sein de l’IFES IPES. Qu’est-ce qui caractérise une bonne école?

Pour répondre à cette question, il faut considérer les recherches effectuées ces 20 dernières années sur la qualité des écoles et de l’enseignement. De plus, chaque établissement définit ses propres critères selon ses lignes directrices (pédagogiques) ou dans le cadre d’une charte de qualité détaillée. Vu sous cet angle, une bonne école est celle qui remplit le mieux possible les exigences qu’elle s’est fixées en termes de qualité de l’école et de l’enseignement.Toutefois, il existe peut-être une autre réponse, plus simple: une bonne école est aussi un lieu d’apprentissage où toutes les parties prenantes apportent un maximum de soutien à tous les élèves, compte tenu de leur potentiel. Elle les prépare au mieux à la vie en société, leur permet d’en aborder les problèmes et de contribuer à les résoudre.Une bonne école, enfin, ne peut atteindre son but que si la société où elle agit comme sous-système partage la même vision. C’est sous cet angle que, dans une approche sociologique, j’examine les facteurs liés à la qualité de l’école et de l’enseignement.

Quels sont les défis de ta mission?

Chaque évaluation externe nous confronte aux questions suivantes: sera-t-il possible de créer, avec les actrices et les acteurs concernés (direction, responsables de la qualité, enseignant-e-s, élèves, personnel administratif, commission scolaire), un espace de résonance (comme le définit Hartmut Rosa) pour une collaboration basée sur la confiance? Une collaboration qui permette à la communauté scolaire d’accepter les retours à la fois critiques et valorisants après l’examen de leur établissement?

Tu travailles à temps partiel pour le ZEM CES depuis mars 2021. Quelles sont tes responsabilités dans le cadre de cette mission?

L’une de mes premières tâches a été d’élaborer un cadre formel pour réglementer le télétravail au sein du ZEM CES. Une autre priorité concerne les questions de la numérisation et du système éducatif.

Les évaluations seront désormais proposées sous le nom de ZEM CES. S’agit-il d’une chance ou également d’un défi?

À mon avis, la fusion du ZEM CES et de l’IFES IPES ne présentera que des avantages pour le développement des évaluations et des autres prestations de l’IFES IPES. Nous examinons et optimisons ces services régulièrement avec différentes personnes et autorités, ce qui assure la qualité des produits de l’IFES IPES. L’union des deux organismes augmentera nos effectifs. Nous serons ainsi plus nombreux à prendre part à ce processus de réflexion, et cela bénéficiera à la qualité de nos produits (et de nos procédures).

Quels aspects de la fusion de l’IFES IPES et du ZEM CES te semblent les plus précieux?

Personnellement, j’apprécie beaucoup l’esprit respectueux, franc, critique et constructif qui règne au sein de l’équipe de l’IFES IPES. Cette attitude se manifeste aussi dans nos activités avec les expert-e- en évaluation. Je suis certain que la culture du «nouveau ZEM CES» reposera sur les mêmes principes.

Est-ce que tu déménageras ton bureau à Berne?

Berne me plaît beaucoup, et travailler pendant mes déplacements ne me pose aucun problème. Depuis mars 2021, je partage un bureau au ZEM CES. En règle générale, je me rends une semaine sur deux dans les locaux de la Seilerstrasse. J’imagine que je continuerai à travailler de manière flexible sur plusieurs sites.